Cascades à Anterne avec Fred le 10-11-12/02/2006.
Le texte est un peu long, mais les photos sont en bas de page pour ceux qui n'aiment pas la lecture !
Un week-end glace d'anthologie
malgré des indices qui n'était
pas de très bon augure !
Tout à commencé le jeudi, quand je me suis réveillé
avec une bonne fièvre, un bon mal de crâne et la gorge en feu,
une bonne crève en fait. Depuis une semaine j'avais mal à la gorge
et j'avais commencé à prendre des médicaments le lundi.
Au boulot je lutte pour rester éveillé et j'appel un toubib pour
voir si je peux avoir un rdz dans la journée. La personne pour qui je
bosse m'a dit que je pouvais m'absenter sans problème dans la journée,
plutôt cool !
Une secrétaire me dit que le matin les docteurs prennent sans rdv, elle
prend mon numéro pour m'appeler quand il n'y a personne. Du coup à
11h je suis chez le docteur qui me trouve une rhinopharin-grippe. Et là,
il n'y va pas de main morte, je ne retrouve avec des anti-bio, du sirop et d'autres
comprimées que je passe prendre à la pharmacie juste à
coté.
Et là, je me dis que j'ai sauvé mon week-end, avec ce traitement
de choc, je peux partir en montagne ! c'est pas très sérieux,
mais bon, je prendrais une polaire en plus
Le soir, je retrouve
Fred à la salle de grimpe, réunion d'organisation. Le moral est
bon, mais la santé
je suis à 4/10 sur l'échelle de
la forme, et Fred n'a pas l'air en meilleur santé. Heureusement qu'on
va en refuge
mais comme je le sais, il n'y a pas de poêle dans ce
refuge !
Le vendredi à 13h, Fred arrive chez moi, je fini mon sac. Je suis à
la bourre car je suis passé acheter des bougies, et surtout du miel,
c'est bon pour la gorge le miel !
Tout est bouclé, mon sac à dos est plein, je le prend par une
bretelle pour le mettre dans le dos et là
scratch
les coutures
de la bretelle s'arrache ! oups, ca va être moins pratique pour porter
le sac, et puis j'en ai pas d'autre. Du coup je prend du fil et une aiguille
et je commence la couture dans la voiture pour la finir au parking pendant que
Fred fait son sac. Ca à l'air de tenir, on chausse les skis, ferme la
voiture. Et c'est à ce moment que Fred dit : " Tiens, je ne sais
pas si j'ai mon baudrier dans le sac
" Visiblement il a un gros doute,
il pose son sac, le vide complètement pour constater que le baudrier
est bien resté chez lui
Mais comme la chance avait décidé
d'être avec nous, un gars arrive sur le parking en lançant un :
" Alors, comment ça va les Alsaciens ?! " (Fred est Alsacien)
il s'agit en fait d'un guide Alsacien qui revenait d'une cascade avec une cliente,
et par chance Fred le connaissait ! Il lui a donc demandé un baudrier
et nous voilà enfin parti, vers 14h30. Sachant qu'on avait au moins 4h
pour aller au refuge, on était à peu prés sur d'arriver
de nuit.
On part donc tranquillement dans le vallon de Sales. Plus on monte, plus il fait froid, on passe devant les cascades de Sales, puis on commence la longue traversée au dessus des cascades, la pente est bien moins raide que ce que je pensais et ca passe bien. La neige ne pose pas trop de problème, il y a de la bonne peuf. On arrive vers le Collet d'Anterne, les pentes deviennent expo au dessus d'une grande falaise. Il y a une bonne croûte bien dur sous les 10cm de poudreuse, Fred est devant et commence à râler sérieusement car les skis ne font que glisser dans la traversée, jusqu'au moment où je le vois 30m plus bas, à plat ventre laissant derrière lui une belle trace rectiligne heureusement qu'il s'est arrêté, sinon c'était le grand vol ! On arrive enfin au Collet d'où je pensais qu'on voyait le refuge.
Il fait presque
nuit, mais comme la chance est toujours avec nous, on a droit à une superbe
frontale 100% écologique : la pleine lune ! Du coup on fait la traversée
pour rejoindre le vaste plateau sous l'impressionnante falaise des Fiz. On avance
dans une ambiance très impressionnante, il y a les étoiles dans
le ciel et au sol aussi ! les cristaux de neige scintillent avec la pleine lune,
il fait vraiment froid, mais ca reste un moment magique.
Après avoir regardé plusieurs fois la carte, et confondu aux jumelles
le refuge avec des sapins, on arrive au petit hameau. Pas mécontent d'arriver
au refuge qui est vraiment sympa, ambiance congélateur mais au moins
il n'y a pas de vent !
Il est 19h30, on aura pris notre temps pour faire ces 1000m.
On s'installe pour commencer un bon repas, faut dire qu'on a de quoi manger,
avec en désert des profiteroles ! si c'est pas du luxe ca !
On va se coucher en prenant toutes les couvertures à disposition. Etant
malade, j'avais hésité à prendre une polaire en plus ou
un petit duvet, finalement j'avais pris le duvet, ce qui m'a permis d'avoir
bien chaud toute la nuit et de bien dormir.
Après un
petit-déjeuner copieux mais glacial, on part vers les cascades. 15min
d'approche, on jete un petit coup d'il d'un coté de la falaise
pour voir le profil des cascades, et voir où on va poser le rappel, car
on arrive par le haut. Première impression, c'est vraiment pas mal, ca
à l'air assez raide mais pas mutant, par contre c'est pas très
haut, ca passe peut-être même avec les 60m. On trouve un sapin et
on descend. Il y a un petit vent qui nous congèle sur place.
Je fais 30m et j'arrive sur une vire inclinée, tient finalement c'est
assez haut quand même, je ne vois pas le bout de corde. Il y a dessous
une partie très raide, et je ne suis pas sur de pouvoir arriver sur de
la glace. Il y a un sapin juste à coté, je vais donc assurer le
coup plutôt que de devoir remonter sur la corde !
On installe le second rappel, je me lance, et après une courte partie
en rocher j'arrive sur le bord d'un surplomb monstrueux, au moins 30m en fil
d'araignée
oups, heureusement qu'on a fait un relai juste au dessus
! j'aurai eu l'air malin à remonter mon rappel !
On retrouve la glace pour installer un troisième rappel sur des colonnes
de glace. Avant de rappeler la corde, on regarde si on peut remonter en grimpant,
car c'est la seule solution dans ce cirque pour retrouver nos skis !
C'est raide, mais ca doit faire. Enfin j'espère!
On arrive enfin en bas, et là c'est vraiment impressionnant, c'est raide
partout, sur au moins 120m de largeur et 140m de haut il y a de la glace de
partout !
Il y a en fait 3 gros débit qui coulent sous des cloches transparentes
énormes, sur les bords la glace a l'air collé au rocher. L'épaisseur
varie de 20cm à plus d'un mètre sur les zones qui sont décollées
du rocher. La glace est très travaillée, il y a des zones qui
ressemblent à des seracs mêlés à des choux-fleurs
énormes. Mais il y a aussi des lignes bien régulière qui
ont l'air de toutes beautés. On hésite sur la ligne la plus simple
qui va nous permettre de rejoindre la sortie. Je pars dans la première
longueur, la glace n'est vraiment pas évidente, ça part en assiette,
elle s'est beaucoup travaillé car il y a eu un gros redoux suivi d'une
bonne période de -10°c. Du coup ça grimpe pas très
vite. Mais ce qui est le plus inquiétant, ce sont les gros claquement
qui suivent un coup de piolet
on a l'impression que tout le mur va s'effondrer,
ça paraît peu probable, mais ça reste très impressionnant,
surtout quand on voit apparaître une fissure dans la glace qui part sur
2m de chaque coté du piolet. Après on s'est aperçu que
la glace n'attendez pas les coups de piolets pour claquer, on entendait régulièrement
des claquement un peu partout sur le site, il y a même eu un bloc qui
est tombé du haut entre le rocher et une grosse cloche.
Je fais mon premier relai sur broche à 30m, Fred arrive, et on regarde
la suite, droite ou gauche ? j'ai l'impression que c'est plus dur à gauche,
Fred n'a pas trop envie de partir en tête dans la longueur raide, du coup
il part sur la droite par une rampe pour aller faire un relai au pied d'un cigare.
On trouve une lunule avec une cordelette, il y a donc des grimpeurs qui viennent
dans le coin !
Je pars dans le cigare avec quelques hésitations quand même car
c'est vraiment raide, mais ca n'a pas l'air très long
le passage
est dément, ça grimpe finement pour ne pas se fatiguer et ne pas
faire tomber les gros stalactites qui ont fait encore un gros claquement
un bon repos après ce passage raide, puis un diédre-cheminée
fabuleux de 10-15m. La glace est vraiment dur, les encrages ne sont pas faciles,
mais les broches sont bétons. J'avais presque sorti le dièdre,
mais je ne suis vaché sur une broche car les bras commençaient
vraiment à me lâcher, et comme je ne savais pas comment était
la suite, je voulais ne refaire un peu !
Mais en fait j'ai pu poser un bon relai quelques mètre après.
Fred a bien bataillé aussi dans cette longueur de 35-40m, d'autant plus
qu'il avait le sac à dos !
On a fait une dernière longueur courte pour arriver sur le plateau où
le soleil venait de partir, dommage pour le pique nique au soleil !
Après un bon morceau de sauce et du fromage, je descend en rappel dans
la ligne de gauche pour voir si le lendemain on pouvait remonter par cette ligne,
car je n'ai pas bien envie de refaire en tête le cigare suivi du dièdre
Etant en bout de corde, ca me donne une bonne idée des difficultés,
ca à l'air bien faisable, je remonte donc, les bras commencent à
prendre des crampes
il est temps que ca se finisse !
On rentre au refuge content de notre journée même si on n'a pas
fait beaucoup de longueur, c'était intense ! La cadre est toujours aussi
magnifique et le calme de ce plateau est vraiment agréable.
On se fait un bon goûter suivi d'une repas avec une semoule au épices
pas vraiment top. Mais c'est pas grave, on a encore des profiteroles !
Un groupe de 8 raquetteurs est arrive vers 19h. Ca met un peu d'ambiance, mais
ca n'a pas vraiment réchauffer la petite pièce, un des raquetteur
indique qu'il a -3°c à sa montre
Vers 22h on est
couché, enfin au chaud, après une journée au froid ca fait
du bien !
6h, réveil pour un départ vers 7h30, on descend en rappel dans
notre ligne, encore un grand moment de grimpe en perspective !
Fred part en tête dans la première longueur, il tire bien 50m.
Je le rejoint, me réchauffe les pieds et les doigts, il fait toujours
aussi froid, mais cette fois on est en avance, et le pique nique au soleil nous
motive !
Je pars dans cette longueur soutenue, les passages raide ne sont pas très
long, mais c'est très continu et il n'y a pas beaucoup de repos. J'hésite
à faire un relai 10m sous l'arbre car les bras sont vraiment chaud. Après
réflexion, je continue quand même et je sors à l'arraché
cette longueur de 60m. Relai confort dans l'arbre, avec vu sur toute la longueur,
ca c'est sympa dans les cascades raides, on peut se regarder grimper !
Fred arrive chaud bouillant au relai, et repars dans la dernière longueur
nettement moins raide.
Ca y est, on est sorti et le soleil nous réchauffe d'un coup. Mais ce
sera de courte durée, il va passer derrière les Fiz. Juste le
temps de manger. On installe un rappel dans la belle longueur de droite, je
me fais 60m dans un dièdre juste à coté de celui de la
veille, fabuleux, mais décidément, même en passant au plus
simple, j'en mène pas large !
Fred va aussi faire un tour en moulinette, histoire d'être sur que les
bras sont bien fini !
Vers 16h on refait les sacs et on s'attaque à la cerise sur le gâteau
la descente en ski d'approche avec les gros sac
une bonne partie de rigolade
avec pas mal de gamelles, mais c'était moins pire de prévu et
on s'en est bien sorti. J'ai quand même eu la seconde bretelle de mon
sac que j'ai dû renforcer avec un bout de ficelle.
Finalement on retrouve avec plaisir la voiture, pas mécontent de quitter
ce congélateur !
Et pour finir en beauté, un camion nous ouvre la route avec des gens
qui font sonner des cloches, ils ont l'air content ! on ne sait pas pourquoi,
donc on pense que s'est pour nous féliciter pour la réalisation
de ces belles cascades
en fait y a un skieur du coin qui a gagné
au JO de Turin !
Voilà donc un week-end qui s'est parfaitement déroulé et
qui a vraiment été anthologique !